Mais ce qui est stratégique n’est pas toujours difficile à comprendre, complexe à mettre en œuvre et ruineux. D’autant que la simplicité de la robotique de coactivité engendre de nombreux avantages.
En industrie comme en service, il est un certain nombre de tâches coûteuses en temps de production et en énergie que tout logisticien voudrait éliminer. Le transport d’un poste à l’autre de matières premières, d’outillage ou de composants en est une des plus courantes. On retrouve le même fonctionnement (et la même problématique) en magasin quand il s’agit de faire transiter d’un rayon à l’autre d’importants volumes d’articles au fil de la journée, ou encore à l’hôpital, quand il faut renouveler l’équipement de soin et déplacer et stocker des produits contaminés.
L’objectif de l’entreprise étant d’améliorer ses flux de production, il lui reste à déterminer si la robotique peut y parvenir. C’est à cette étape en général que le projet s’effondre, l’être humain aimant ajouter de la complexité à la complexité.
Certes, on peut difficilement reprocher à une grande industrie centrée autour de process et de systèmes de pilotages intégrés de vouloir y implémenter sa nouvelle robotique, malgré le temps, les modifications organisationnelles et le budget que cela occupera ainsi que le risque d’échec proportionnel à la complexité, comme l’on ne reprochera pas à une TPE ou une PME de reculer devant le projet par manque, au contraire, d’infrastructures, de temps, de budget et de process adaptés.
Le niveau de complexité d’une activité est pourtant bien celui que l’entreprise veut y mettre. Or, transporter d’un point A à un point B est un acte d’une grande simplicité. L’erreur ou l’incompréhension est précisément là : la robotique de service ne nécessite aucune infrastructure informatique et n’a pas besoin d’être péniblement intégrée à un système. C’est également souvent parfaitement inutile d’essayer de le faire, l’on n’aboutirait qu’à complexifier une technologie qui est par définition autonome.
Un autre argument en faveur d’une supposée complexité attachée à un projet de robotique repose sur l’impossible circulation des robots au sein d’environnements humains denses, sans devoir définir des couloirs ou des conditions de circulation dédiés. Il est vrai que les premiers essais, lointains maintenant, ont ancré cette contrainte dans le subconscient collectif.
Or la maturité technologique atteinte dans ce domaine a totalement supprimé cette dépendance. Ateliers de manufacture, couloirs publics d’hôpitaux, grands magasins, restaurants, la robotique de coactivité se déplace aisément entre les ateliers, les cartons, les tables et les personnes sans que cela requière de former les consommateurs à la sécurité chaque fois qu’ils viennent dîner ou faire leurs courses. C’est évidemment une caricature. Cela dit, cette maturité exprime un paradigme essentiel, le franchissement technologique majeur plaçant vraiment le robot d’aujourd’hui au service de l’être humain sans lui imposer ni son rythme ni ses propres contingences. En bref, le franchissement technologique et budgétaire qui permet maintenant au robot mobile de s’adapter à l’humain et son environnement, sans aucune modification, et non plus l’inverse.
L’absence d’exigence de couloirs de circulation, de modifications ou de formations traduit pour les salariés de l’entreprise des processus et des habitudes qui restent inchangés. Non connecté à des systèmes de pilotage automatique, le robot est à l’entière disposition des équipes, seules décisionnaires du moment et du lieu de déplacement de la machine. C’est dans cette liberté d’utilisation de la robotique que se retrouve toute la simplicité de l’innovation et de son adoption.
Est-ce que c’est ludique ? Peut-être un peu aussi. C’est en tout cas un important vecteur d’apaisement entre équipes, qui ne sont plus sollicitées à des tâches de manutention pour lesquelles elles n’ont jamais été prévues et peuvent adopter un robot à leur service, sans devenir asservi au robot.
À quoi renvoie la notion de technologie autonome de nos jours ? Aux meilleures solutions de lutte contre le piratage informatique. Au même titre que l’on déconnecte du réseau les sauvegardes de données essentielles, la robotique autonome est préservée de toute tentative d’intrusion, puisqu’elle est par nature capable d’être dissociée du réseau de l’entreprise, laissant libre la graduation d’interconnexion aux systèmes d’information et donc la souveraineté de la décision sécuritaire et de la localisation des donnés.
La robotique de service, par sa simplicité d’introduction dans l’entreprise, corrige alors une succession de problématiques qu’engendre en principe l’adoption de nouvelles technologies. L’intervention de l’équipe IT, généralement surchargée, peut ne plus être nécessaire, ni pour implémenter la solution robotique, ni la paramétrer, ni l’intégrer aux politiques de sécurité. C’est également l’assurance de s’affranchir de toute dépendance à une liaison internet parfois instable ou sécuritairement complexe.
Cerise sur le gâteau, l’autonomie d’un robot de coactivité ne signifie pas qu’il se retrouve coupé de toute remontée statistique. La robotique sait parfaitement fournir une multitude de données utiles à l’évaluation, pour ne citer que lui, du temps qu’elle aura fait gagner à des équipes entières.