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L’usage du logiciel libre dans la souveraineté numérique

Par Alain Issarni, Président exécutif de NumSpot

Publication: 1er mars

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Une stratégie open source first...
 

La souveraineté numérique est devenue un enjeu majeur dans un monde de plus en plus interconnecté. Mais que signifie réellement la souveraineté numérique ? La souveraineté doit permettre de maitriser sa destinée et nécessite de contrôler ou minimiser ses dépendances. En termes de dépendance, il ne s’agit pas simplement de substituer une dépendance à un acteur étranger par une dépendance à un acteur local, mais plutôt de maîtriser les dépendances numériques. Dans cette optique et cette quête d’une souveraineté numérique, quelle place occupe le logiciel libre ? La stratégie du « tout Open Source », ou « Open Source only », est-elle la seule à disposition des institutions publiques et des entreprises ?

L’équilibre délicat de la dépendance technologique

Toute dépendance à une technologie ou à un acteur dominant sur le marché s’accompagne d’une vulnérabilité aux décisions et aux évolutions de cet acteur. La souveraineté numérique ne devrait pas se limiter à choisir des solutions françaises ou européennes plutôt que des solutions américaines ou chinoises, car les changements sur le marché de l’IT sont fréquents et rapides. Une licorne française qui se fait racheter par un géant américain transfère de facto la propriété de son produit outre-Atlantique. Le véritable gage de souveraineté consiste donc à conserver le contrôle sur les technologies utilisées ; c’est là que le logiciel libre entre en jeu.

En offrant la possibilité d’accéder au code source, les logiciels libres permettent une plus grande flexibilité et un meilleur contrôle. En cas de problème avec l’éditeur ou la communauté, les utilisateurs ont la capacité s’ils le souhaitent et s’ils en ont les moyens de modifier le logiciel selon leurs besoins. Les libristes, des activistes engagés dans la promotion du logiciel libre, créent souvent des forks de projets pour maintenir une version plus libre en cas de changement de licences des logiciels. Les logiciels libres représentent donc la meilleure garantie pour maîtriser l’indépendance numérique.

Le libre, incubateur d’innovation

L’importance du logiciel libre va bien au-delà de la simple maîtrise des dépendances numériques. Il joue également un rôle crucial en tant que fer de lance de l’innovation technologique. Les logiciels libres offrent en effet un terrain fertile pour l’exploration et le développement de nouvelles idées, car ils permettent un accès complet au code source. Cette transparence encourage l’innovation collaborative, où des communautés de développeurs, souvent dispersées à travers le monde, peuvent travailler ensemble pour améliorer et faire évoluer les logiciels libres. En conséquence, de nombreuses innovations technologiques de pointe ont vu le jour dans le monde du logiciel libre. Souvent même l’état de l’art est guidé par les avancées réalisées par le logicielles libres.

De plus, les logiciels libres servent souvent de base à de nombreuses start-ups et entreprises innovantes, car ils offrent des fondations solides sur lesquelles construire de nouvelles solutions. Ainsi, le logiciel libre n’est pas seulement un outil de souveraineté numérique, mais aussi un moteur d’innovation technologique qui stimule la créativité et l’avancement de la société dans son ensemble. C’est un incubateur technologique de premier plan.

Les défis de la souveraineté numérique

Du côté de la mise en pratique, il est cependant essentiel de faire la distinction entre deux types de stratégies : celle de l’« open source first » et celle de l’« open source only ». La flexibilité est importante, et il est crucial de privilégier les solutions libres lorsque cela est possible, mais ces dernières ne sont pas une panacée. Si elles offrent un moyen concret de maîtriser les destinées numériques, contrairement aux solutions dépendantes de géants technologiques, il faut parfois savoir s’adapter à certains monopoles. Le dogmatisme n’est pas une solution fiable.

Les gouvernements et les organisations devraient adopter une stratégie "open source first" pour renforcer leur souveraineté numérique. Cela signifie qu’ils doivent envisager les solutions libres en premier lieu et ne se tourner vers des solutions propriétaires que lorsque cela est absolument nécessaire. Des études et des incitations des pouvoirs publics, comme la circulaire Ayrault en France, une note de 2012 portant sur les orientations et recommandations de la Direction interministérielle des systèmes d’information et de communication (DISIC) relatives au bon usage des logiciels libres dans l’administration, encouragent l’utilisation du logiciel libre dans l’administration et prévoient le reversement d’une partie de l’économie générée vers la communauté libre.

Le logiciel libre n’est pas la réponse absolue pour garantir la souveraineté numérique, mais c’est probablement la meilleure des solutions. En adoptant une stratégie "open source first", les gouvernements et les organisations peuvent significativement réduire leur dépendance vis-à-vis des acteurs étrangers et maîtriser ainsi leur destinée numérique.

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