La progression rapide du marché des datacenters, et les changements profonds d’architecture et de conception auquel le secteur fait face, laissent envisager une réorientation radicale de sa trajectoire, ponctuée d’opportunités et de défis.
Le secteur des datacenters suit son propre processus de transformation, cherchant à exploiter des technologies de pointe afin d’optimiser ses opérations et la gestion de ses ressources, et de renforcer les protocoles de sécurité. Entre l’amélioration de la durabilité et de l’efficacité énergétique, la gestion simultanée de la croissance rapide de la demande, ou encore la mise en conformité, 2024 est une année charnière pour le secteur des datacenters.
L’IA et les autres solutions numériques jouent un rôle crucial dans la gestion du cycle de vie des datacenters. Elles permettent non seulement de surveiller l’état actuel d’un datacenter, mais également de fournir des informations opérationnelles approfondies et d’effectuer des analyses prédictives, facilitant ainsi la gestion des performances et des installations pour les opérateurs de datacenters.
Cependant, l’utilisation de ces technologies engendrent également des défis spécifiques. En effet, selon TIRIAS Research, les requêtes de données générées par les applications d’IA générative pourraient entraîner une multiplication par 50 du nombre de charges de travail informatiques traitées dans le monde d’ici 2028. Cette croissance exponentielle de la consommation de données, combinée aux progrès de l’Internet des objets (IoT), pourrait entraîner des modifications majeures dans la conception des datacenters. Pour faire face à ce défi, la préfabrication émerge comme une solution efficace pour étendre rapidement la capacité des datacenters.
Dans de nombreux pays, l’ajout de nouvelles charges importantes au réseau électrique est désormais soumis à certaines restrictions. Les permis de construire ou d’agrandir un bâtiment sont de plus en plus difficiles à obtenir, soulevant des questions quant à l’emplacement des regroupements de datacenters. Jusqu’à présent, les datacenters étaient généralement situés dans de grandes villes comme Francfort, Londres, Amsterdam, Paris ou Dublin. Toutefois, on observe une tendance à l’éloignement de ces hubs traditionnels dans des villes de taille plus modeste à travers les pays de « niveau II » où les contraintes énergétiques sont moindres et où les autorisations nécessaires, plus faciles à obtenir. Même si le manque potentiel de main d’œuvre qualifiée représente le principal inconvénient ; cette tendance est amenée à se développe. Des villes telles que Varsovie, Vienne, Istanbul, Nairobi, Lagos et Dubaï, aux contraintes énergétiques moindres, commencent à émerger sur le marché des datacenters.
Les datacenters constituent l’épine dorsale du monde numérique et ont en cela, un impact crucial sur la manière dont la société réduit ses émissions de carbone et lutte contre le changement climatique. La réalisation des objectifs de développement durable reste aujourd’hui essentielle, et le secteur des datacenters est surveillé de près par l’Union européenne. Les règlementations de l’UE vont davantage se focaliser sur les « émissions de type 3 » , afin d’évaluer le cycle de vie complet des datacenters et assurer sa durabilité. Pour répondre à ces exigences, le secteur adopte des solutions digitales axées sur la disponibilité, l’évolutivité, la flexibilité et l’efficacité commerciale, afin de produire des rapports de durabilité détaillés.
Le marché des datacenters est actuellement nous le regard attentif des organismes de réglementation en raison de l’objectif de neutralité carbone d’ici 2050. En Europe, l’UE guide cette initiative, modifiant la directive sur l’efficacité énergétique (EED) pour imposer aux états États membres de surveiller et publier les performances énergétiques et l’empreinte d’eau des datacenters. Une étude commandée par la Commission européenne souligne l’importance de la performance énergétique et de la durabilité dans ce secteur. Les décideurs politiques devraient donc adopter des positions environnementales plus strictes, incitant les datacenters à anticiper ces changements pour améliorer leur image et les résultats financiers grâce à des économies d’énergie et d’eau à long terme.
La sensibilisation accrue au développement durable incite le secteur à adopter des pratiques innovantes plus respectueuses de l’environnement. Les remplacements de générateurs diesel, les systèmes de stockage d’énergie par batterie, la production sur site, les systèmes de refroidissement avancés et d’autres technologies vont progressivement occuper le devant de la scène. La quête de sources d’énergie renouvelables pour remplacer ou renforcer les approvisionnements existants, mais aussi l’étude des possibilités d’introduction ou d’augmentation de la production d’énergie sur site, sont aujourd’hui des sujets majeurs. En 2024, l’intégration des datacenters au réseau deviendra progressivement la norme, suscitant un vif intérêt chez les exploitants de datacenters. Cette approche offre la possibilité de contribuer à la décarbonation globale du réseau et de répondre aux objectifs individuels de développement durable. L’idée de réaliser davantage avec une consommation d ‘énergie similaire, voire réduite, sera un objectif récurrent tout au long des années à venir.
Si l’élaboration d’une nouvelle stratégie numérique peut s’avérer difficile, les datacenters doivent impérativement suivre les tendances évoquées précédemment pour répondre à l’augmentation de la charge de travail informatique et aux exigences d’instantanéité.
La digitalisation, soutenue par l’IA, offre des avantages significatifs en termes de capacité prédictive et de proactivité. Cette évolution vers une gestion plus efficace des environnements riches en données représente une opportunité majeure pour les datacenters de croître de manière responsable et durable, et ainsi devenir des hubs d’innovation digitale. Cette transition sera bénéficique au secteur lui-même mais également à l’ensemble de la société.