Celle de l’influence grandissante des technologies robotiques dans notre vie quotidienne.
Ces technologies occupent un vaste prisme d’applications. Du robot assistant, digne du dernier spin-off de Star Wars à la messagerie conversationnelle dont l’utilisation a explosé cette année, l’être humain entre fréquemment en contact avec les différentes formes d’intelligences artificielles. Certains vont plus loin et implantent des puces électroniques dans l’organisme pour simplifier le quotidien. Si le sujet prête aux fantasmes futuristes, certaines applications peuvent représenter de réelles avancées. D’autres posent, en revanche, de véritables questions morales. Pour y répondre, il est nécessaire de prendre du recul dans un monde qui se jette souvent dans la quête de l’innovation permanente. Les questions éthiques doivent être le corollaire du développement de la technologie robotique, à mi-chemin entre progrès humains et choix de civilisation.
C’est le défi incroyable lancé par l’entreprise londonienne Moley Robotics. L’objectif : transmettre à un robot les capacités culinaires d’un chef étoilé pour préparer un repas sans aucune intervention humaine. L’individu pourrait alors décharger cette activité à la technologie et consacrer plus de temps à ses loisirs et sa vie personnelle. Pour l’heure, si beaucoup ont à cœur de cuisiner pour leur foyer, les autres qui rêvent d’échapper à cette corvée auront tendance à être sceptique sur la viabilité du système. Et pourtant, les deux bras articulés, baptisés Automated Kitchen, sont le résultat d’une année de développement en partenariat avec la prestigieuse université Stanford, située au cœur de la Silicon Valley.
Ce sont ainsi 20 moteurs et 129 capteurs qui permettent de mettre aux fourneaux les 2 bras articulés qui se coordonnent au sein d’un plan de travail spécifique conçu par la société. La technologie utilisée fait appel à plusieurs chefs professionnels. Ces derniers ont conçu plusieurs recettes à l’aide de gants capteurs de mouvements. Les caméras 3D intégrées au robot les ont analysé et transféré dans plusieurs algorithmes qui permettent à Automated Kitchen de recréer ces mouvements humains de façon minutieuse. Moley Robotics compte mettre plus de 2000 recettes à disposition de ses clients qui pourront les sélectionner depuis une application smartphone. On pourra activer son robot cuisinier à distance pour que le repas soit prêt en arrivant chez soi. Les premières commercialisations sont attendues en 2017. De quoi espérer la préparation d’un festin, dès Noël prochain, en attendant les bras croisés !
Les professionnels du marketing sont unanimes. L’année 2016 a marqué l’avènement des chatbots dans nos façons de nous informer et consommer. Dans un délai record, ces assistants virtuels intelligents ont envahi nos applications favorites pour discuter de nos envies, nos besoins, les analyser et proposer les services ou produits adaptés. Dans cette nouvelle étape de la transformation digitale et virtuelle, les marques espèrent bien conquérir un large public. On compte 3 milliards d’utilisateurs mensuels de messagerie instantanée sur lesquels les chatbots peuvent être installés.
Dans l’univers de la beauté, Sephora, enseigne du groupe LVMH, capitalise sur la période des fêtes pour aider ses clients à trouver le cadeau idéal. Si le service tombe à point nommé pour les impatients et les coutumiers de l’achat à la dernière minute, il compte bien séduire tous les publics par la précision de ses recommandations. Accessible via Facebook Messenger, Beauty Bot demande ainsi l’âge, le sexe et le prénom du destinataire du cadeau. À nous d’informer ensuite le robot conseiller sur le style de la personne (BCBG, fashionista, bohême…) et le type de produit souhaité (parfums, soins du corps…). On accède alors aux premières propositions du robot virtuel. Elles peuvent être affinées en mentionnant le budget souhaité. Dès que le cadeau est sélectionné, la géolocalisation informe l’utilisateur de l’ensemble des magasins à proximité où le produit est disponible en stock. Temps moyen du processus : une vingtaine de secondes. Et ce, n’importe quand. Une opportunité d’accroître le trafic web-to-store pour Sephora qui compte développer le service pour de nouvelles occasions comme la Saint Valentin ou la fête des mères.
Et si l’homme pouvait se passer définitivement de son boîtier pour ouvrir la portière de son véhicule ? Si son médecin pouvait contrôler à distance son taux de glycémie tout en restant à domicile ? Ces applications en développement correspondent à une technologie : l’implantation de puces électroniques dans l’organisme. Elles permettraient à chacun d’accéder à un univers de science-fiction réservé jusque-là aux salles de cinéma. Au sein de l’Epicenter, un immeuble récent du quartier d’affaires de Stockholm, le virtuel est devenu réel. Les salariés des sociétés travaillant dans le bâtiment se sont vus proposer l’implantation d’une puce de technologie RFID pour les accompagner dans la gestion de leurs tâches au quotidien. Dans la pratique, plus besoin de badge ou de mot de passe à taper. Les salariés qui ont accepté passent directement les portiques de sécurité et la photocopieuse réagit à leur présence dès qu’ils sont à proximité. Même logique au restaurant d’entreprise où ils règlent leurs commandes directement grâce à leurs doigts. Les puces RFID (Radio Frequency Identification), pas plus épaisses qu’un grain de riz, s’implantent dans la main en quelques secondes. Pour une douleur comparable à celle d’une piqûre d’aiguille.
Cette technologie a l’avantage de ne pas être dépendante aux sources d’énergies, à l’inverse de nos objets connectés qui peuvent tomber en panne. Quand au périmètre de reconnaissance de la fréquence de chaque puce, il est de quelques mètres pour chaque lecteur. Ce qui empêcherait en pratique de tracer le porteur tout au long de ses déplacements. C’est sur ce point que les débats sont les plus vifs. Éthiquement, n’est-on pas en train d’assister à l’émergence d’un mode de contrôle permanent de l’espèce humaine ? Aux frontières du choix de civilisation, ces nouvelles applications obligent à poser des cadres juridiques stricts. Et à garantir un niveau de sécurité optimal. Imaginons les conséquences d’un piratage du système. Des hackers seraient alors en mesure de récupérer une série d’informations personnelles et de contrôler nos accès à distance. De quoi vivre le côté sombre d’un film de science fiction.