En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de cookies pour vous proposer des contenus et services adaptés à vos centres d’intérêts. En savoir plus et gérer ces paramètres. OK X
 
 

 

 

Dossiers

IoT, Industriels, sortez de votre zone de confort !

Par Isabelle Jarniou, Eurotech France.

Publication: Avril 2018

Partagez sur
 
Simple, basique : l’IoT est un disrupteur de modèles économiques, un moyen de se différencier, un outil pour la productivité et la performance des entreprises, un créateur de valeur dont la seule limite est l’imagination...
 

Ça c’est pour la carte postale, encore faut-il que les industries se donnent les moyens de réussir leur transition lorsqu’elles l’ont choisie. L’IoT n’est pas une nouvelle vague technologique mais une lame de fond destructrice des usages obsolètes et dépassés, obligeant les industries à se réinventer en sortant de leurs modèles traditionnels. Exit leurs zones de confort : elles doivent penser, développer, s’organiser et vendre différemment dans un contexte technologique complexe, tel est leur challenge.

Le succès de l’IoT en marche… lente

Si les analystes prévoient à l’unisson de belles perspectives de déploiements pour l’IoT Industriel à partir de 2018, ils ont tous relevé une certaine déception quant à la vitesse d’adoption actuelle de l’IoT dans ce secteur. En janvier 2016, Gartner prévoyait qu’en 2018, 75% des projets IoT verraient leur planning exploser jusqu’à doubler les temps prévus et c’était bien analysé. En effet, l’euphorie des médias et la multiplication des communications autour de l’Industrie 4.0 pourraient laisser penser que l’IoT est pleinement adopté dans toutes les industries, que ses principes sont compris, que ses modèles économiques sont clairement identifiés, que son implémentation est purement maîtrisée, que les entreprises sont « staffées » et que le management a pris la mesure de la transformation. Détrompez-vous, sur le terrain tout cela n’est encore que friche. Les promesses extraordinaires de l’IoT seront tenues, mais encore un peu de patience pour un succès plus franc et des déploiements plus rapides.

En effet, ce manque de rapidité s’explique et n’a rien d’étonnant : les métamorphoses que requiert la mise en place d’une stratégie IoT dans une entreprise sont consé- quentes. Vu du terrain, voici quelques prises de conscience et constatations pour une meilleure compré- hension des difficultés qu’ont les entreprises à sortir de leur phase pilote et à passer au déploiement.

Une complexité à intégrer

Rappel : l’IoT Industriel consiste à connecter l’environnement opérationnel d’une entreprise (OT) avec les technologies de l’information (IT). C’est ce décloisonnement OT / IT qui distingue les applications M2M des applications IoT, ces dernières intégrant des couches supplé- mentaires liées aux composantes IT.

Si les technologies M2M sont maîtrisées, il est aisé de comprendre que les acteurs du secteur de l’électronique, souvent habitués aux architectures « fermées » (réseaux privés, protocoles propriétaires, logiciels embarqués customs) nécessitent un temps d’adaptation devant la transformation radicale qu’implique l’adoption d’une architecture IoT. En effet, les sujets comme la connexion aux plateformes IoT pour le traitement des données (analytique, BI, Machine learning…) et la gestion des devices (provisioning, updates), la métamorphose des frameworks embarqués (avec la prédominance confirmée du Java devant l’emblématique C), les notions de edge computing ou les nouveaux challenges liés à la sécurité sont autant de nouveaux sujets pour la plupart des industriels.

La multitude de technologies composant une architecture IoT peut la rendre extrêmement complexe, la maî- trise de cette complexité n’est pas instantanée : elle implique aux industries une sortie forcée de leur zone de confort technique et commerciale. Les industriels les plus éclairés choisiront de s’entourer de partenaires technologiques experts sur chaque sujet, tandis que les autres mixeront développements internes et externes, se privant souvent de solutions éprouvées et rallongeant leurs délais et budgets. Cependant, le choix des experts et le test des solutions du marché (plateformes IoT) via la mise en place de POCs (Proof Of Concepts) sont aussi facteurs de lenteur : selon une étude récente de McKinsey & Company, 63% des entreprises testent 2 à 3 plateformes et 31% plus de 3 ! Voilà déjà un éclairage sur les longues phases de POC constatées avant les déploiements.

Des transformations profondes

Au-delà des nouvelles compétences nécessaires pour le développement ou la gestion de projets, c’est une profonde remise en question d’une grande majorité des services qui semble nécessaire : services techniques (pour une communication obligatoire entre les univers OT et IT), services achats (intégration de notion d’achats de services récurrents), services marketing et commerciaux (promotion et vente de nouveaux services), gestion de projets (articulation des nombreux acteurs de la chaîne IoT), services financiers (intégration des nouveaux business modèles), services juridiques (réflexion sur la propriété des données, responsabilité)… sans omettre les profonds changements liés aux applications IoT ellesmêmes (impacts sur les services de maintenance, opé- rations, qualité, sécurité des personnes…).

A l’échelle d’une entreprise, toutes ces mutations peuvent prendre des mois voire des années alors qu’un POC se met en place en quelques semaines. Un déploiement dans un domaine industriel attendra la maturité des services nécessaires à son bon fonctionnement donc rien d’étonnant si, toujours selon McKinsey & Company, 84% des pilotes dépassent les 12 mois et 28% d’entre-eux les 24 mois. Notre retour d’expérience conforte ces chiffres sans jamais que la raison ne soit d’ordre technique.

Le besoin d’engagement stratégique clair

Quand on constate que 70% des industries n’en sont qu’aux prémices de leur projet ou engluées dans ce qu’on appelle le « purgatoire des POC », on comprend mieux la déception des analystes quant à la montée en puissance des déploiements IoT. Ces entreprises avaient-elles inscrit l’IoT comme axe stratégique de développement, avaient-elles entrepris les transformations nécessaires et s’étaient-elles dotées de moyens en ressources et en budget ? On se pose la question lorsque l’on croise ces projets menés sans budget par une équipe technique déjà débordée par le day-to-day et totalement hermétique au concept économique de l’IoT. Cette même équipe qui focalise sur des détails d’ordre purement technique lorsqu’il faudrait parler « use cases », services et modèles économiques et qui, à force de tailler dans l’architecture termine avec une application custom, fermée et non évolutive, reproduisant presque strictement ce qu’elle savait déjà faire (du M2M).

L’expérience montre que les initiatives IoT sérieuses sont clairement soutenues par les décisionnaires qui identifient l’IoT comme élément stratégique de leur politique de développement. L’approche par les business/use cases montre une maturité certaine des projets lorsque l’approche purement technique doit alerter sur leur fragilité potentielle et le risque qu’ils finissent eux aussi dans le fameux purgatoire des POCs.

Au regard du challenge technique/économique que posent l’IoT et les grandes mutations nécessaires aux industries pour son adoption, les phases POC enregistrées sont-elles si démesurées et la vitesse des déploiements est-elle si décevante ? Le doute est permis ; les prévisions hallucinantes des dernières années avaient certainement sous-estimé l’inertie nécessaire aux industries et aux marchés pour assimiler une telle rupture. Ajoutons à cela deux sujets potentiellement perturbateurs : la guerre des réseaux IoT et la peur du risque lié à la cyber sécurité. La levée progressive de ces freins additionnels autorise l’optimisme quant à la future montée en puissance des déploiements. Les feux sont au vert pour un succès plus visible et plus massif de l’IoT dans le secteur industriel.

http://www.eurotech.com

Suivez MtoM Mag sur le Web

 

Newsletter

Inscrivez-vous a la newsletter d'MtoM Mag pour recevoir, régulièrement, des nouvelles du site par courrier électronique.

Email: