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Dossiers

IA générative : maîtriser sans interdire

Olivier Galibert et Swen Ribeiro, Ingénieurs de recherche Département Évaluation de l’IA et Cybersécurité

Publication: 24 mai

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L’année écoulée a vu la mise à disposition du public d’Intelligences Artificielles aux capacités impressionnantes. L’idée d’une mise en pause du développement des IA est naïve et illusoire...
 

En revanche, il est urgent d’en définir les limites en mettant en place un système d’évaluation de conformité et de normes. Cette initiative de contrôle relève de la responsabilité du politique. Il peut envisager cette tâche en toute confiance grâce à l’expertise que le LNE peut lui apporter.

Dans le domaine de l’intelligence artificielle (IA), l’année passée a été marquée par la mise en ligne de ChatGPT-4, une IA conversationnelle impressionnante par sa capacité à dialoguer avec un utilisateur en reproduisant de manière convaincante la structure d’une conversation.

À l’instar de DALL-E 2, Midjourney ou Stable Diffusion, spécialisées dans la production d’images, chatGPT est une IA dite générative. Celles-ci sont fondées sur des algorithmes d’apprentissage, capables de réaliser une tâche à la suite d’un entrainement à partir d’une très grande quantité de données. Ainsi, une IA productrice d’images parvient-elle par exemple à dessiner un chat après avoir analysé de très nombreuses images et descriptions de chats. De la même manière, ChatGPT est entrainé à deviner la fin d’une phrase ou d’un texte à partir de son début, celui-ci pouvant être une question à laquelle l’algorithme répond, mimant ainsi une conversation. De la même manière, pour son entrainement, ChatGPT a été confronté à un très grand nombre de textes disponibles sur Internet et qui couvrent tous les aspects de la vie humaine.

Il n’existe que peu de documentation sur l’algorithme aux fondements de ChatGPT. En revanche, on sait que les données d’entrainement ont fait l’objet d’un nettoyage drastique et que le processus d’entrainement a été très contrôlé. Les prédictions de l’algorithme ont notamment été « assainies » et certains cas d’usage raffinés par supervision humaine. D’où in fine des réponses qui semblent convenir aux attentes d’utilisateurs humains, par exemple en termes de valeurs morales, ou tout simplement du point de vue de l’articulation du discours.

Si ChatGPT-4 est l’aboutissement d’une série d’IA conversationnelle, elle représente une rupture d’une part par ses performances, d’autre part du fait de la prise de conscience du grand public des prouesses aujourd’hui permises par l’intelligence artificielle.

Cela dit, cette prise de conscience se fait dans une certaine confusion. Concrètement, le grand public, s’appuyant sur la qualité formelle des réponses formulées par ChatGPT, en déduit leur véracité. Or il faut avoir à l’esprit que ce type d’IA n’est pas entrainé pour énoncer des propositions vraies, mais pour répondre d’une façon fluide et naturelle. Ainsi la notion de vrai ou de faux n’entre ici pas du tout en ligne de compte. Par exemple, concernant la biographie de personnes connues, nous avons mis en évidence que ChatGPT pouvait renvoyer des informations complètement fausses, comprenant des dates erronées et des liens vers des sites inexistants. La raison en est que son entrainement lui a permis d’identifier que l’énonciation de ce type de faits, sur le plan strictement stylistique, s’accompagnait souvent de suite de caractères commençant par « www. ». En revanche, il ne lui a pas permis d’identifier la fonction de ces suites de caractères, à savoir faire le lien avec une source de l’information. Par rapport à tout ce qui s’est fait avant en matière d’IA, la rupture tient in fine au fait que désormais nos filtres habituels sont rendus inopérants : la forme est tellement impressionnante qu’elle ne nous permet plus de trancher sur le fond.

Cela étant dit, il ne s’agit pas de conclure pour autant à la dangerosité de ces IA génératives. Utilisées par des spécialistes d’un domaine, elles peuvent aider à rassembler, trier ou sélectionner de l’information qui devra être vérifiée par ailleurs. D’une certaine manière, ces IA sont à considérer comme un nouveau type de moteur de recherche permettant d’articuler comme jamais auparavant plusieurs concepts dans une unique requête. Et dans le cas des IA productrices d’images, elles sont déjà par exemple utilisées par des graphistes pour faire des propositions pour amorcer un processus créatif.

Quant à savoir si les IA génératives constituent la base d’une révolution technologique, sociétale ou humaine, c’est difficile à dire. Au moins cette révolution ne nous apparaît-elle pas plus radicale que celle qui a vu l’émergence d’Internet ou du smartphone, deux innovations qui ont profondément changé notre manière de nous informer et de communiquer. Les IA génératives auront-elles cette faculté ? Ou bien à l’instar de l’électricité, modifieront-elles plutôt notre manière de produire ? Nous n’en savons encore rien.

Une chose est certaine, nous ne reviendrons plus en arrière et l’idée même d’une pause même temporaire dans le développement des IA nous apparaît comme naïve et illusoire.

En revanche, il est désormais urgent de contrôler et de borner le développement de ces intelligences artificielles, qui est entre les mains d’entreprises privées aux ressources financières colossales. En ce sens il ne s’agit pas de les concurrencer, mais de mettre en place un système d’évaluation de conformité et de normes comme il en existe pour l’ensemble des produits mis sur le marché.

https://www.lne.fr/

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